2011 a enregistré sans conteste un « mieux aller » par rapport aux années précédentes, mais on constate toujours de nombreuses insuffisances. Après avoir explicité quelques éléments de croissance, il convient de souligner l’importance des facteurs extérieurs sur l’économie arménienne et de faire le point sur ses principaux secteurs.*
La croissance économique et le budget de l’Etat
La croissance du Produit Intérieur Brut (indicateur de création de richesses dans un pays) a été de +5,9% en 2011, après +2,6% en 2010 et un recul 14,4% en 2009. Tous les secteurs ont évolué positivement à l’exception de la construction (tableau 1).
Par ailleurs, malgré la très forte hausse des exportations, le déficit commercial s’est encore aggravé (2 822 millions USD).
En ce qui concerne le budget de l’Etat arménien, l’exercice 2011 a dégagé un déficit de 293,5 millions (m) USD (tableau 2).
Les principales sources de recettes sont la TVA, les prélèvements sociaux, l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur les revenus des personnes physiques (IRPP).
En ce qui concerne les dépenses, 44% ont été affectées au domaine social (sécurité sociale, éducation et santé). Cette même répartition se retrouve dans le budget 2012.
La dépendance vis à vis l’extérieur
Aux problèmes structurels internes, qui seront évoqués à la fin de l’article, s’ajoutent les facteurs internationaux puisque l’Arménie a une économie ouverte et exposée. Plusieurs raisons à cela :
1- L’économie arménienne est peu diversifiée et donc loin d’être autosuffisante. Les principales exportations sont les fruits et légumes, les préparations alimentaires, les produits minéraux, les pierres et métaux précieux et les métaux non précieux. Les autres exportations sont très faibles. Par contre, les importations sont bien plus diversifiées.
2- Les transferts des émigrés économiques sont très importants : ils se sont élevés à 1547 m USD en 2011 (+19,6 %). Ils proviennent surtout de Russie (75% du total), des Etats-Unis (47 m), du Kazakhstan (18,8 m) et d’Ukraine (8,8 m).
3- La dépendance économique vis-à-vis de la Russie est très forte : celle-ci est le 1er investisseur en Arménie ; la France arrive en 2ème position avec 77 m USD, suivie des Etats-Unis.
Les investissements directs concernent le secteur minier, les télécommunications et la production et la distribution d’électricité, de gaz et d’eau.
4- L’Union européenne est le premier partenaire commercial de l’Arménie avec 45,7% des exportations et 24,1% des importations. La CEI (principalement la Russie) vient en 2ème position, avec 19,8% des exportations et 22,6% des importations.
L’industrie
La production industrielle s’est élevée à 2663,3 m USD en 2011. Elle provient de trois branches principales : les industries de transformation (64,6% de cette valeur), les industries extractives (17,0%) ainsi que la production et la distribution d’électricité, de gaz et d’eau (18,4%).
Parmi les industries de transformation, l’agroalimentaire, la taille de diamants et la joaillerie représentent des activités importantes.
Les activités minières ont progressé rapidement depuis deux ans, en raison de l’augmentation des prix des matières premières. En 2011, l’Arménie a exporté de grandes quantités de cuivre, de molybdène, de zinc, d’or et de feuilles d’aluminium. En 2011, les métaux non ferreux ont représenté 55% de la valeur totale des exportations.
Cependant, les activités minières peuvent avoir de graves conséquences sur l’environnement et la santé des populations des régions concernées. Chaque nouvel investissement dans ce domaine donne lieu à des mouvements de protestation.
Vers la fin de l’année, le gouvernement a adopté une stratégie de promotion des industries d’exportation. L’objectif est de créer des industries performantes, de produire des biens selon les normes internationales, pénétrer les marchés extérieurs et créer des emplois.
Selon ce plan, les exportations devraient doubler jusqu’en 2015 et atteindre 3 milliards USD en 2020.
L’Etat s’est aussi engagé dans la construction de plusieurs zones franches, dont celles de Zvartnots et de Gumri.
L’agriculture
La production agricole a fortement progressé en 2011, pour atteindre 2 250 m USD (cultures : 54,4% – élevage : 45,6%).
L’agriculture a été le secteur quelque peu négligé du gouvernement durant ces dernières années. C’est le recul de 13,5% de sa production en 2010 qui a fait ressurgir les problèmes et les dysfonctionnements du secteur, au premier plan aujourd’hui des préoccupations de l’Etat.
Ainsi, depuis le début de 2011, le gouvernement s’est engagé dans des programmes de soutien aux exploitations agricoles : importations de semences et d’engrais de bonne qualité, de vaches laitières de race, mise à disposition du fuel à bas coût. Ces mesures commencent déjà à porter leur fruit, puisque sur 450 000 ha de terres arables, 300 000 sont cultivées aujourd’hui.
Parallèlement, des programmes de développement ont démarré pour améliorer la production de lait, mettre en place une gestion soutenable des pâturages, créer des capacités rurales supplémentaires et accroître la compétitivité. Le gouvernement a encouragé aussi la création d’entreprises agroalimentaires.
La modernisation de son parc de matériel agricole est aussi une priorité, puis qu’aujourd’hui uniquement 5,6% de ce matériel a moins de 10 ans et correspond donc aux normes et techniques actuelles. Des négociations sont en cours pour la construction d’usines d’assemblage et l’achat de machines agricoles.
Le regroupement des terres agricoles et la promotion des coopératives sont aussi des priorités pour le gouvernement. Aujourd’hui, la production est limitée en raison de la petite taille des parcelles de terre. D’autre part, les coopératives agricoles facilitent l’acquisition de matériels et l’obtention de crédits.
Le commerce, les nouvelles technologies et le tourisme
Le commerce interne a représenté 5 483 m USD en 2011, soit une progression de 3,5% par rapport à 2010. Environ 63,4% de cette somme représente le chiffre d’affaires du commerce de détail, avec une très forte concentration sur Erévan (86%).
Le commerce de gros représente 32,9% (+5,5% par rapport à 2010) et le commerce de voitures 3,7% (+7,1%).
Les flux du commerce de détail du mois de décembre 2011 ont progressé de 59% par rapport à ceux de novembre (en raison des fêtes de fin d’année) ; ils ont augmenté de 6,7% par rapport à décembre 2010.
Le secteur des nouvelles technologies est très important pour l’Arménie : il est en pleine expansion, avec toutes les grandes marques mondiales du secteur présentes dans le pays.
Il existe 300 entreprises qui comptent 5 500 salariés, et l’on arrive même à 10 000 salariés si l’on ajoute ceux du secteur des télécommunications. Le marché a besoin de 1 000 nouveaux spécialistes chaque année.
Deux manifestations importantes ont lieu chaque année vers le mois d’octobre : en 2011, ont été organisés le 7ème salon DIGITEC et le 5ème congrès ArmTech.
Il y a aujourd’hui 341 000 utilisateurs d’internet, contre 80 000 en 2008.
Le secteur du tourisme est aussi en pleine expansion et présente un fort potentiel pour le pays. Depuis 2001, le nombre de touristes a été multiplié par 15 avec une croissance annuelle moyenne de 20-25%.
En 2011, l’Arménie a reçu 758 000 touristes, contre 684 000 l’année précédente.
Un constat mitigé
Malgré des résultats macroéconomiques un tant soit peu acceptables et l’important potentiel de développement du pays, le constat au niveau social et démographique laisse à désirer.
Le marché du travail stagne : selon des estimations dignes de foi, sur 880 000 jeunes, 400 000 seraient à la recherche d’un emploi et un grand nombre serait prêt à s’engager dans des emplois sous-payés.
L’émigration progresse aussi d’année en année. Pour les deux premiers mois de 2012, le nombre des départs a dépassé celui des arrivées de 17 500. Cette différence était de 12 000 pour la même période de 2011, de 9 090 en 2010 et de 7 900 en 2009.
Le nombre de naissances diminue d’année en année, et celui des décès augmente :
– 43 477 naissances en 2011, contre 44 825 en 2010 ;
– 28 030 décès en 2011, contre 27 921 en 2010.
L’Arménie a de graves insuffisances qui continuent à peser sur la société :
– la faible diversification de l’économie et la forte dépendance de l’industrie et des exportations du secteur minier vis-à-vis de l’extérieur,
– la présence des monopoles qui empêchent le développement normal d’une économie de marché,
– le manque de transparence et la corruption de l’administration, très difficile à enrayer,
– la forte imbrication des politiques dans la sphère économique (et vice-versa).
Le renforcement des structures économiques et politiques est indispensable. La démocratisation de la société, la mise en place d’un Etat de droit et une meilleure justice sont les conditions indispensables pour attirer les investissements étrangers et asseoir l’économie sur des bases solides.
Gérard Achdjian
APRICOT Group
Mise en relations d’affaires avec l’Arménie
* Pour des informations détaillées sur l’économie de l’Arménie, veuillez consulter le site www.gab-ibn.com .