Dans la troisième partie de notre série consacrée à l’agriculture arménienne nous évoquerons les problèmes relatifs à l’élevage de bétails, aux exportations de viandes, à la production de lait ainsi qu’à l’évolution de la pisciculture.
Troisième partie : l’élevage de bétail et la pisciculture
L’élevage représente 45% de la production agricole : 41,6% pour l’élevage de bétails et 3,4% pour la pisciculture. L’élevage de bétails, une activité ancienne a progressé de presque 4 % durant les 8 premiers mois de l’année alors la pisciculture a fait un bon de 28,2%.
I- L’élevage de bétails
Depuis 2007, le gouvernement arménien apporte une aide non négligeable à cette activité et l’importation de génisses fait partie de ce programme. Ainsi 257 génisses de race seront importés jusqu’à la fin de cette année pour un montant de 350 m dram (AMD) ou 745 000 USD. Entre janvier et août, 51,3 tonnes de viandes et de volailles ont été produites, 569 mille tonnes de lait et 516 millions d’unités d’œufs.
Les exportations de viande vers la Russie et l’Iran sont encouragés…
a- Avec l’adhésion de l’Arménie à l’Union Economique Eurasienne (UEE), l’inspection vétérinaire a révisé et adapté les exigences concernant la délivrance des certificats vétérinaires à celles de l’UEE. Aujourd’hui tous les produits à base de viande subissent un traitement thermique à plus de 72 degrés et donc peuvent être exportés vers la Russie et d’autres marchés.
Selon une étude menée par « Avenue Consulting Group », les producteurs de ce secteur pourraient multiplier par six leurs exportations vers la Russie et l’UEE jusqu’à 3000 tonnes par an.
Cependant, beaucoup auraient besoin d’investissements supplémentaires pour améliorer la qualité des produits, élargir leurs gammes et mener des actions de marketing.
b- Les exportations de viande de moutons vers l’Iran, déjà importantes, augmenteront aussi rapidement. Récemment, le plus grand abattoir d’Arménie a été inauguré à Massis (province d’Ararat) par l’entreprise « Golden Cleaver Company » en présence du ministre l’Agriculture et de l’Ambassadeur d’Iran. Construit sur une superficie de 2 400 m2 il est doté des équipements les plus modernes et permet l’abattage simultané de 200 bêtes.
L’abatage se fera selon la tradition Hallal ce qui lèvera le problème de l’exportation vers les pays voisins islamiques. Pour l ‘ambassadeur d’iranien les produits carnés d’Arménie sont remarquables par leur qualité et très demandés en Iran. Il a souhaité que des installations similaires soient créées dans d’autres provinces d’Arménie.
Mais les producteurs de lait doivent faire face à des difficultés.
Celles-ci ont pour origine les importations de grandes quantités de lait en poudre à bas prix (1,7 USD le kg) principalement d’Ukraine. Ceci porte un sérieux préjudice aux producteurs locaux de lait frais qui sont obligés de pratiquer des prix très bas ce qui rend cette activité non rentable et la met en péril ; la sécurité alimentaire du pays peut aussi être mise en cause.
Pour empêcher ces conséquences néfastes, le prix du lait frais devrait augmenter de 90/100 AMD le litre à 140/150 AMD. On sait, par ailleurs, que ce prix est saisonnier et fonction de la teneur en graisse du lait.
Plusieurs solutions peuvent être envisagées pour résoudre (ou aider à résoudre ) ce problème.
Ainsi, l’adoption par l’Etat d’exigences de qualité plus strictes pour les produits importés ou la mention de la quantité utilisée de lait en poudre sur les emballages des produits à base de lait (fromages , yogourts,…) pourraient réduire les importations et/ou la consommation de ce produit.
II- La pisciculture
La production piscicole de l’Arménie s’est élevée à 8,3 mille tonnes au premier semestre de 2015 au lieu de 7,4 mille tonnes pour la même période de 2014.
Sur l’ensemble de l’année 2014 la quantité produite avait été de 16 mille tonnes d’une valeur de 28,6 milliards AMD (60 m USD environ) en progressions de 24,6% par rapport à l’année précédente.
Ainsi, grâce à l’appui de l’Etat, l’Arménie a accru sa production et ses exportations de poissons ; en 3 ans la production a presque doublé et les exportations sont passées de 1600 tonnes en 2011 à 2700 en 2014.
Cependant 2 000 tonnes uniquement ont été exportées vers la Russie, un chiffre en recul par rapport aux années précédentes.
Si ce recul s’explique partiellement par les problèmes économiques de la Russie (dépréciation du rouble, délais de paiement supplémentaires demandés par les partenaires russes), il est aussi lié aux restrictions d’emprunts bancaires en Arménie,
Ainsi, il faut relever deux aspects opposés de l’évolution de ce secteur : une description alarmiste de la situation mais en même temps des investissements importants et des encouragements de l’Etat.
Selon une déclaration du président de l’Union piscicole le secteur de l’élevage de poissons fait face aujourd’hui à de sérieuses difficultés.
Le renchérissement des prix des aliments pour poissons en provenance d’Europe et les coûts élevés de production font que les fermes doivent faire face à des difficultés de remboursement d’emprunt bancaires et sont souvent obligées d’arrêter leurs activités.
En l’absence d’aides financières des autorités, elles ne sont plus compétitives et les exportations baissent. Des dizaines de fermes auraient arrêté leurs activités depuis 2013 alors que huit nouvelles fermes ont été créées durant ces deux dernières années dont d’ailleurs 5 en difficulté pour les raisons invoquées plus haut.
Malgré cet aspect pessimiste de la situation des investissements importants sont réalisés dans le secteur dans la région de Sévan. En voici quelques exemples.
1) La société « Sevani Ishkhan » est en train d’invertir 3 milliards AMD (plus de 6 m USD) pour lancer des activités piscicoles ; 2,7 milliards seront consacrés à l’achat de l’usine et des équipements nécessaires au traitement de truites.
Le gouvernement a accordé à cette société l’ajournement du paiement de la TVA sur l’importation des équipements d’une valeur de 200 m AMD.
La production de l’usine répondra à la demande intérieure, mais sera également exportée.
La société créera 150 nouveaux emplois avec un salaire mensuel moyen de 270 000 AMD (570 USD) qui augmentera progressivement.
2) En septembre 2014, le gouvernement a aussi alloué à la société ‘Sevan Trout’, et pour une durée de 25 ans, 200 hectares sur les bords du lac destinés à l’élevage de truites.
Le projet, estimé à 162 m USD, prévoit de produire 50.000 tonnes de truites par an dans une ferme piscicole en cage dans le lac. Une centaine d’organisations seront impliquées dans ce projet, 75% de la production seront destinés à l’exportation (poissons frais, fumés ou en conserve).
3) Début juillet, 40.000 alevins de truite de 30 grammes et 160.000 de 5 grammes, de l’espèce « Gegharkuni », ont été déversés dans le lac Sevan par le « Fonds pour la restauration des stocks de truites du lac Sevan et le développement de la pisciculture ».
Par ailleurs, un centre piscicole, équipé des meilleures technologies contemporaines, est en construction au village « Karchakhbyur » où les conditions climatiques sont plus favorables à la reproduction de la truite ; un personnel spécialisé y sera formé aussi.
A partir de 2016, ce centre permettra de déverser annuellement un millions d’alevins dans le lac.
On voit bien que la tendance est à la disparition des petites fermes et parallèlement la création de grandes entreprises avec l’aide de l’Etat.
Notre prochaine rubrique portera sur les activités vinicoles.
Gérard Achdjian
APRICOT Group
Mise en relations d’affaires avec l’Arménie
www.apricotgroup.eu
Pour des informations détaillées sur l’économie de l’Arménie, veuillez consulter le site
www.gab-ibn.com