Les Petites et Moyennes Entreprises (PME) représentent 42,5% du Produit Intérieur Brut de l’Arménie et sont à l’origine de 18% de ses exportations. C’est pour encourager leur développement que l’Etat arménien a créé en 2002 le Centre National pour le Développement des Petites et Moyennes Entreprises (CND PME).
Un cadre approprié pour le développement des PME
Pour mener à bien sa tâche le CND PME a établi un réseau de branches régionales avec des objectifs précis :
– assistance à la création de nouvelles PME et à l’installation d’entrepreneurs individuels,
– mise à disposition d’informations économiques et juridiques, et de services de consultation,
– services d’aide au développement des affaires : promotion des ventes, soutien et aide à l’internationalisation, promotion des produits nationaux
– promotion de la productivité et de la compétitivité ainsi des innovations
– assistance financière : accès à des garanties de crédit, financement de capital, subvention partielle des intérêts d’emprunt.
Ces services sont fournis par des entreprises privées sélectionnées par appel d’offre et sont cofinancés par le Centre. Par ailleurs, le « SME Investment » a été créé en août 2009 ; c’est une organisation de crédit universel pour soutenir les PME.
Au 1er juillet 2013, 9 409 PME en activité et entreprises en démarrages avaient déjà reçu le soutien du Centre en garanties de crédit, formation et soutiens divers.
Cependant, malgré ce cadre favorable, de nombreux problèmes grèvent encore le développement rapide des PME ; les plus importants sont les taux d’intérêt élevés des banques et les lacunes du système de l’Administration fiscale (corruption). Souvent aussi les chefs d’entreprises et les entrepreneurs individuels ne connaissent pas leurs droits et leurs responsabilités et ne suivent pas l’évolution de la législation fiscale.
Depuis 2008, le CNDPME fait partie du réseau « Europe Entreprise Network » (EEN) qui comprend quelques 600 membres dans 40 pays. Il coopère aussi activement avec d’autres organisations internationales dans le cadre de programmes de développement conjoints.
Quelques exemples de « success story » de femmes entrepreneurs
En Arménie, les femmes représentent 10,6% des chefs d’entreprise et 25% des entrepreneurs individuels. Exerçant principalement dans le PME, elles sont surtout présentes dans les secteurs de la cosmétique, l’organisation de réceptions, le design, le tourisme et l’industrie agroalimentaire. Pour les encourager à entreprendre et avoir une activité créative dans le développement de l’économie, un prix spécial du Premier Ministre a été créé ; il récompense celles qui sont les plus actives et les plus méritantes.
a) L’entreprise de fabrication de savon biologique de Nelly A. (48 ans).
Nelly A., pharmacienne et enseignante universitaire, a eu l’idée de produire des savons écologiques à partir de recettes traditionnelles arméniennes et en utilisant des plantes médicinales des montagnes d’Arménie.
Des recherches à la bibliothèque des manuscrits lui ont permis de trouver des écrits d‘auteurs du 15ème siècle tels que Amirdovlat Amassiatsi, Mkhitar Sepastatsi et Mekhitar Heratsi où sont décrites des méthodes de fabrication de savons.
En y intégrant des huiles essentielles et des éléments de soin de la peau, elle a créé des savons biologiques du nom de ces anciens savants : « Amassiatsi », « Mkhitar Sepastatsi », « Mekhitar Heratsi. Elle a aussi créé le savon « Gavdjine » à base d’argile (« Gav » en arménien mais appelé gavdjine dans le dialecte de la région de Gegharkounik).
« Je souhaite que chaque savon puisse avoir son histoire qui vient des siècles passés » dit-elle.
Nécessairement production est artisanale, les quantités produites sont limités et les prix élevés. Ces produits ne sont donc pas accessibles à tous. Mais elle espère pouvoir augmenter la demande par une publicité bien ciblée.
Pour ces travaux de recherche et les produits qu’elle a créé, Nelly A. a reçu le prix de « Meilleur entrepreneur femme 2013 » du Premier Ministre.
b) L’entreprise de restauration de Hasmig B. (45 ans)
Elle a commencé cette activité il y a une quinzaine d’année à une période très difficile pour l’Arménie.
« A part les pâtes il n’y avait pas grand-chose à manger et je voulais organiser des cocktails et des réceptions. Mon entourage et mes amis se sont moqués de moi » se rappelle Hasmig B.
Elle a commencé par apprendre à préparer des plats ; au début elle s’est contentée de 2 ou 3 commandes par an, « mais à partir de la 3ème année je n’avais pas le temps de souffler » dit-elle. Aujourd’hui l’entreprise possède un vaste réseau de restaurants.
Sa plus grande difficulté a été de concilier son travail et sa famille : « j’étais enceinte avec 3 enfants ; cela a été les plus dures moments de cette période ».
C’est grâce à un travail acharné et à l’aide précieuse de son époux qu’elle a réussi dans les domaines suivants : préparation des menus, visites d’ambassades et d’organisations internationales ou locales, campagnes publicitaires,… « La foi, la ténacité et la prise de risque ont une grande signification, dit-elle. Sans difficulté on n’arrive à rien, mais il ne faut pas avoir peur et hésiter».
c) L’entreprise hôtelière de Christina A. (37 ans)
L’activité hôtelière est importante pour le développement du tourisme en Arménie. Il y a un manque d’hôtel et de motels surtout dans les provinces ce qui décourage souvent les touristes de séjourner en dehors de la capitale.
Avant d’exploiter un hôtel, un café et un restaurant dans la province d’Armavir, Christina A. avait un salon de coiffure. Elle a regroupé l’ensemble des ses activités dans une même structure.
L’hôtel fonctionne depuis 2008. Au début elle préparait elle-même les plats puisqu’elle aime cuisiner ; mais par la suite elle a fait appel à des cuisiniers professionnels.
L’entreprise de Christina A. est une entreprise familiale ; pour le futur elle voudrait développer l’hôtel et toute une série d’autres services.
d) L’entreprise de production d’asperges biologique de Marcella Kh. (48 ans)
De formation d’économiste, Marcella Kh., après une longue période de chômage, a commencé à cultiver des asperges biologiques en 2007.
Jusqu’à présent sa famille l’aidait efficacement, mais aujourd’hui elle pense embaucher des salariés, étendre les superficies platées et cultiver sous serre pour ne pas dépendre des aléas saisonniers.
Pour Marcella Kh. « il existe des opportunités pour commencer une activité privée. Il faut avoir la volonté mais des difficultés existent ». Elle incite les débutants à commencer petit et se développer graduellement. « Il n’est pas nécessaire d’avoir de gros moyens financiers, dit-elle, et il ne faut pas être impatient.
L’entreprise de produits cosmétiques de Zarouhi Andresyan (45 ans)
Zarouhi A. a créé son entreprise en 1988. Elle fabrique plusieurs sortes de crèmes qui ont des propriétés curatives et antidouleur à partir de plantes médicinales. L’entreprise exporte vers l’Ukraine et a reçu de nombreux prix dont celui de ‘Best Women Entrepreneur 2013».
Le 5 avril 2013, ces femmes entrepreneurs ont reçu avec d’autres le prix de la « Meilleur entrepreneur femme 2013 » du Premier Ministre.
« Ne pas avoir peur », est le conseil qu’elles prodiguent aux jeunes et à ceux qui veulent créer leur propre entreprise. Elles sont conscientes de la difficulté à commencer un business en Arménie surtout en province. C’est pour cela qu’elles insistent sur l’importance d’une étude préliminaire : bien connaître le secteur, être conscient des difficultés et des risques, et savoir planifier ses activités.
Gérard Achdjian
APRICOT Group
Mise en relations d’affaires avec l’Arménie
www.apricotgroup.eu
Pour des informations détaillées sur l’économie de l’Arménie, veuillez consulter le site
www.gab-ibn.com