Le secteur industriel en Arménie doit faire face à de nombreux défis liés aussi bien aux événements extérieurs (ralentissement de l’économie russe) qu’à des disfonctionnements internes au pays (mauvaise gestion, incapacité de l’Administration, corruption…).
Mais des investissements et initiatives privés existent ; il faudrait créer les conditions propices de leur accroissement.
L’évolution de l’industrie en 2015
Le secteur industriel comprend les activités minières, les industries de transformation ainsi que la production et la distribution d’énergie et d’eau. La production industrielle s’est élevée à 2 776,8 m USD en 2015 en progressé de 5,7% par rapport à 2014.
– Les productions minières (16,7% de l’ensemble) sont concentrées dans les régions du sud (Syunik) et du nord du pays (Lori).
Malgré la baisse de 21% des prix mondiaux des métaux (*), l’activité minière en Arménie a enregistré une progression de 50, 4% pour représenter 462,6 m USD ; cette performance est du au début d’exploitation du complexe minier de Teghut, le deuxième complexe le plus important du pays après « Zangezur Copper-Molybdenum Combine » (ZCMC) à Kajaran.
En conséquence les exportations minières du pays ont progressé de 19,9%.
– Les industries de transformation (61,8% du secteur industrielle) ont enregistré une production de 1 718,3 m USD en baisse de 5,6% par rapport à 2014. Elles sont implantées surtout autour de Erévan, mais aussi dans les régions de Syunik, de Kotayk, d’Ararat et de Lori ; globalement ces régions regroupent 86,4% des industries de transformation. Les plus importantes sont :
– les industries agroalimentaires (37,0% des industries de transformation), de fabrication de boissons (16,9%) et de tabac (6,1%).
– les industries de transformation de minerais (6,0%) et la métallurgie (17,6%)
– la joaillerie, quant à elle représente 2,0%.
– La production et la distribution d’électricité et de gaz représentent environ 19,9% de l’ensemble du secteur ; elles ont progressé de 6,7% pour représenter 552,4 m USD.
La production d’électricité peut être d’origine hydraulique (19,9% en 2015), thermique (60,7%), nucléaire (19,3%) ou éolienne (0,1%).
– La distribution d’eau et le traitement des eaux usées représentent 1,6% des activités industrielles. Elles ont progressé de 10,1% à 43,3 m USD.
En 2015, environ 2 800 entreprises industrielles étaient en activité ; les statistiques les subdivisent en 4 catégories (cf. tableau). Les productions des entreprises des catégories (1) et (3) ont fortement baissées (-28,8% et -18,8% respectivement) ; celles des catégories (2) et (4) ont progressé de 1% et 9,7%.
Il faut aussi noter l’importance des Petites et Moyennes Entreprises (PME) sur le développement du pays, avec des conséquences socio-économiques évidentes surtout dans les zones rurales et éloignées. Ces dernières années, leur impact a été accentué ; elles ont représenté 42,5% du PIB total et sont à l’origine de 18% des exportations.
L’inefficacité de la politique industrielle
L’impératif du gouvernement est d’accroître la compétitivité afin d’assurer le renforcement
des industries à fort potentiel d’exportation ou de substitution des importations.
En Arménie, les secteurs qui garantissent les taux de croissance les plus élevés sont l’industrie minière, la métallurgie, l’industrie agro-alimentaire, l’industrie pharmaceutique, l’industrie textile, et la joaillerie.
Cependant, force est de constater que ces dernières années les stratégies d’encouragement de l’industrie (**) n’ont pas eu d’incidences positives majeures. Au contraire, de nombreuses entreprises ont été affectées par la crises économique et le gouvernement a été incapable de redresser la situation.
Ainsi, « Orange Armenia » a annoncé une perte de 43 milliards AMD (plus de 90 m USD) en 2014 et « Gazprom Armenia » 32 milliards AMD (environ 67 m USD) ; et la liste des entreprises dans la même situation est longue .
Il est vrai que l’Arménie subit de plein fouet le ralentissement de l’économie russe, mais il est vrai aussi que les graves disfonctionnements au sein de l’Administration arménienne sont nombreuses et les « 2 poids, 2 mesures » sont courants ; qu’il suffise de citer les inspections fiscales inégales et la pression des grandes entreprises sur les PME.
Mettre fin à une corruption qui fige le pays dans une inertie contre-productive et réduire sa dépendance à la Russie en trouvant d’autres partenaires économiques semblent être deux points qui pourraient remettre le pays sur la bonne voie.
Des perspectives encourageantes ?
Malgré ce constat plutôt négatif, force est de constater que des conditions plus favorables pourraient contribuer à améliorer la compétitivité des entreprises. Il existe aussi des initiatives encourageantes qui permettent de croire à la possibilité d’une amélioration de la situation. En voici quelques exemples.
– Selon les observateurs, l’industrie textile et du prêt-à-porter pourrait se développer rapidement si des conditions favorables sont crées. Il serait alors possible d’atteindre une croissance de plus de 10% par an avec un accroissement des exportations et la création de 15 000 emplois supplémentaires.
Les conditions plus favorables impliquent, entre autres, des taux d’intérêt bancaires moins élevés et un fardeau fiscal moins lourd.
– Le projet de construction d’une usine métallurgique est très avancé. Elle permettra le traitement des résidus de minerai de plusieurs décharges qui appartiennent notamment à la société minière ZCMC dans la province de Syunik ; on prévoit la création de 1 000 emplois permanents et 500 emplois temporaires au cours de la première phase jusqu’en 2019. Le coût de l’opération serait de 240 m USD.
– La société suisse « AZAD Pharmaceuticals Ingredients AG » effectuera un investissement d’une dizaine de millions d’euros étalé sur les cinq prochaines années dans un programme pilote de production de matières premières pour médicaments.
Parallèlement, en mars 2015, un laboratoire pour la synthèse des matières premières médicales a été inauguré à Erevan. La pharmacologie est l’un des secteurs les plus importants, que le gouvernement a désigné comme une prioritaire.
– Un nouveau laboratoire de prototypes industriels d’une valeur de 300.000 $ a été installé au « Gyumri Technology Center » avec l’assistance de la Banque Mondiale. On sait qu’il est très difficile de promouvoir les applications d’ingénierie sans un laboratoire de ce type.
– Plus de 3 m USD ont été investis dans la réparation et la reconstruction de l’usine de confiserie Anusharan à Guimry créé en 1852. Cette marque était bien connue à l’époque soviétique. Privatisée et rénovée l’usine peut produire 66 différentes sortes de confiseries.
– Une usine de production d’ascenseurs sera créé d’ici 2018. Un mémorandum de coopération a été signé entre Adatech Ltd et la société chinoise « Koyo » Elevator Co., Ltd.
– La société arméno-tchèque greenEco Kas construira une usine de traitement des ordures et une serre sur une superficie de 15 hectares dans la région d’Armavir. Le coût est estimé à 21 millions d’euros pour l’usine de recyclage des ordures et 11 millions pour la serre.
– La création d’une usine de production de saphir artificiel. Les investissements de la société « High-temperature Crystals LLC » avoisineront 2,16 milliards AMD.
La société prévoit d’exporter pour de 2,7 m USD dans cinq ans. Ses principaux marchés d’exportation seront Russie, la Chine, Taiwan, les États-Unis et les pays de l’UE. »
Toutes ces initiatives sont créatrices d’emplois et de richesses. Il faut espérer qu’elles servent d’exemples à d’autres investisseurs.
Le secteur industriel de l’Arménie n’est pas encore suffisamment développé mais un potentiel important existe en terme de matières premières et de savoir faire ; il a besoin d’importants investissements et d’un environnement favorable aux affaires. Même si le marché intérieur est limité, des avantages comparatifs et des niches de haute technologie peuvent être dégagés dans divers secteurs où les possibilités d’exportation existent.
Gérard Achdjian
APRICOT Group
Mise en relations d’affaires avec l’Arménie
www.apricotgroup.eu
Pour des informations détaillées sur l’économie de l’Arménie, veuillez consulter le site
www.gab-ibn.com
(*) Suite au recul de la demande de la Chine et d’autres pays en développement.
(**) Parmi les mesures législatives qui ont été prises on peut citer :
– la loi relative à la TVA (2009) qui permet de retarder les paiements jusqu’à 3 ans pour les projets d’investissement dépassant 300 milliards AMD.
– les modifications législatives qui contribuent à l’accroissement de flux d’investissements,
– la modification du « code des douanes », pour simplifier les procédures d’importation des machines et équipements à des fins industrielles.