Depuis des siècles les Arméniens ont été présents en grand nombre en Europe Orientale. Mais l’assimilation et la modification des grands courants commerciaux ont eu raison de leur vitalité.
Tout naturellement les relations économiques de l’Arménie avec ces pays ont été intenses durant la période soviétique pour se désorganiser à l’écroulement de l’Union Soviétique.
Depuis l’indépendance, elles sont en train de se développer à nouveau plus ou moins rapidement.
Cette restructuration se fait le plus souvent dans le cadre de Forums d’affaires et de « Commissions Intergouvernementales de Coopération Economique » (CICE). Un grand nombre d’accords et de protocoles existent et les visites bilatérales de responsables politiques et économiques sont fréquentes.
Cette chronique présente succinctement les caractéristiques des ces relations avec les pays de la région dont les flux d’échanges avec l’Arménie sont les plus élevés.
L’Ukraine
Les produits ukrainiens représentent plus de 5% du total des importations de l’Arménie, alors que ses exportations sont bien plus faibles (1% de l’ensemble). Les flux d’échange ont régressés depuis 2008 (300 millions USD) en raison de la crise. L’objectif actuel est de revenir à ce niveau, mais le niveau des échanges en 2012 a été plus faible par rapport à 2011.
L’Arménie importe d’Ukraine des produits métallurgiques et chimiques, des équipements agricoles, des graines (blé et orge), des engrais, des boissons alcooliques, des cigarettes et des véhicules (voitures, bus). Elle exporte des produits agricoles (fruits et raisins) et agro-alimentaires (jus, eau minérales, brandy, vin, concentré de tomate,…) ainsi que des équipements électrotechniques.
Ces échanges ont un fort potentiel de développement. L’Ukraine est prête à intervenir dans les domaines de l’énergie (centrales électriques), de la construction, de la fabrication de machines outils, de machines agricoles, de véhicules de transport (pièces détachées et assemblage) ; la société ukrainienne Bogdan est intéressée par la vente de bus et trolleybus ; l’Ukraine peut aussi aider à la reconstruction des infrastructures de transport (routes et chemins de fer).
L’objectif des 2 pays est de se rapprocher le plus possible de l’Union Européenne sans s’éloigner de l’Union douanière eurasiatique. La modernisation de leurs économies, l’amélioration de la compétitivité et la création de conditions favorables aux investissements sont d’autres défis à relever.
La Belarus
La 9ème session arméno-biélorusse du CICE a eu lieu en novembre 2012 ; il a été convenu de considérer une approche systémique et à long terme de la coopération. Il a été aussi décidé de tout mettre en œuvre pour accroître les capacités industrielles, financières et d’investissement des 2 pays afin d’encourager la création d’entreprises conjointes
Entre 2000 et 2011 les flux commerciaux bilatéraux ont été multipliés par 14, mais ces performances sont jugées insuffisantes vu les potentiels qui existant dans les 2 pays ainsi que les liens politiques très étroits.
Les principales importations en provenance de Belarus sont variées : des véhicules agricoles, des pneus, des matériaux de construction, des pompes, tuyaux et câbles, des produits plastiques, des produits pharmaceutiques, des produits textiles.
Les produits exportés sont aussi diverses : des équipements électrotechniques, des produits chimiques, des transformateurs, des boissons alcooliques, des fruits en conserve, de l’eau minérale…
“Ar-Be” (Armenian-Belarusian trading house) est un espace commercial où sont exposés et vendus plus de 150 produits biélorusses ; il a été créé à l’initiative d’hommes d’affaires des 2 pays.
Un des domaines qui intéresse le plus les 2 pays est celui des véhicules agricoles. La société biélorusse « Promagroleasing » est très intéressée par le marché arménien dont 85% des équipements agricoles sont vétustes. Elle propose des conditions de leasing très avantageuses et ouvrira sous peu une agence de représentation en Arménie.
La Bulgarie
Comme pour les autres pays de la région, la présence des Arméniens en Bulgarie est ancienne. Les relations bilatérales sont aussi intenses et un grand nombre d’accord existe, entre autres dans le domaine de la sécurité sociale.
L’Arménie exporte des produits chimiques des produits minéraux, de la ferraille : elle importe des matières premières, du caoutchouc, des produits agroalimentaires. Les flux commerciaux ont fortement progressés mais sont soumis à des fluctuations souvent importantes en fonctions des quantités échangées et des prix internationaux.
La Pologne
Des potentiels de coopération existent surtout dans les domaines des technologies de l’information, de l’électronique, les industries chimiques et pharmaceutiques, le tourisme et le secteur agricole (laitages et fruits).
Un premier projet commun entre les 2 pays concerne la neutralisation des risques potentiels que représentent les décharges publiques en Arménie. Un document en ce sens a été signé avec l’entreprise polonaise « Echotekh » ; la décharge de Nubarachen est concernée en premier mais aussi d’autres sites, dans la région de Lori par exemple.
Une autre entreprise polonaise est présente en Arménie ; elle produit des équipements pour l’impression de passeports biométriques et de cartes d’identité.
Récemment un accord a été signé entre la compagnie « Lyubava » et l’usine de machines outil Charetsavansky pour la création d’une entreprise conjointe en Arménie.
Par ailleurs, une douzaine d’entreprises arméniennes sont présentes en Pologne.
L’éventualité de la création d’une Chambre de Commerce arméno-polonaise sera discutée à la prochaine réunion de l’CICE prévue pour fin avril.
Malgré ces développements les flux d’échanges ne sont pas élevés. L’Arménie exporte vers la Pologne du caoutchouc, des pierres, du ciment, du sel et des boissons. Elle importe des machines, des huiles, des cosmétiques et des produits pharmaceutiques, des équipements électriques et du papier.
La Roumanie
La dernière visite du ministre de l’économie de Roumanie, Varoujan Vosganian, a eu lieu les 8 et 9 avril derniers et la 4ème session de la CICE bipartite se déroulera en juin 2013. L’Arménie importe en particulier des installations et équipements pour l’industrie minière et exporte des matériaux de construction. Le tourisme culturel et les transports peuvent aussi constituer des domaines intéressants de coopération.
La Tchéquie
Les échanges les plus importants concernent les technologies de l’information, les équipements électroniques, le tourisme et le secteur bancaire. Les domaines potentiels de coopération sont nombreux ; on peut citer l’industrie légère, la construction d’infrastructures routières, les centrales hydrauliques, l’agro-industrie.
Actuellement une vingtaine d’entreprises à capital tchèque sont en activité en Arménie et des projets de coopération avec une dizaine d’autres sont étudiés. Mais le potentiel de coopération inutilisé reste important. A partir de juin des vols quotidiens relieront les 2 capitales.
Tous les partenaires de la région sont prêts à aider au rapprochement de l’Arménie à l’Union Européenne tout en espérant que ce processus aboutira à un accord d’association et permettra de développer encore plus les coopérations bilatérales.