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Zoom sur l’agriculture

Après la crise financière de 2009 et les très mauvaises conditions climatiques de 2010, la production agricole a renoué avec la croissance. Mais son recul de 13,5% enregistré en 2010 a fait ressurgir les problèmes structurels et les dysfonctionnements du secteur au premier
plan des préoccupations de l’Etat.

Première partie
La production agricole
Analyse des évolutions récentes dans trois domaines : cultures, élevage et agroalimentaire.

La production agricole représente 26% du PIB de l’Arménie et la main d’oeuvre agricole 40% de sa population active : la rentabilité y est donc très faible, malgré des atouts incontestables et la réussite de certains groupes de l’agroalimentaire.

Cependant, le secteur est en pleine croissance depuis 2011. Les cultures y contribuent pour 60,9%, l’élevage pour 36,7% et la pisciculture pour 2,4%. La production du secteur agricole de
l’année 2013 s’est élevée à 2 299 millions de dollars (USD), soit un progrès de 7,6% par rapport à 2012 (surtout aux 3e et 4e trimestres). Les provinces à forte production agricole sont le Guégharkounik (18% de la production en 2013), l’Armavir (17,8%), l’Ararat (14,8%), le Chirak (11,6%) et l’Aragatsotn (9,7%).

evolution-production
production-agricole

Les cultures : des résultats encourageants
En Arménie, les cultures les plus importantes sont celles du blé, de la pomme de terre, des légumes et des fruits, avec une place particulière pour le raisin.

grains

a) La production de grains a atteint 549 000 tonnes, dont 310 000 de blé, soit un niveau jamais atteint ces dernières années. Cette performance s’explique par :
– l’augmentation des superficies cultivées : 99 700 ha au lieu de 93 500 (105 000 ha prévus pour 2014).
– la hausse de la rentabilité, qui est passée de 26,5 tonnes/ha en 2012 à 29,8 en 2013, conséquence de l’utilisation croissante de semences de haute qualité. L’objectif est de produire ces semences sur place, mais l’on prévoit d’en importer encore 3 300 tonnes de Russie en 2014. Malgré cette progression, le niveau actuel de la production
est loin de satisfaire la demande intérieure de blé, évaluée à 720 000 tonnes par an. Selon les normes internationales, l’autosuffisance en blé est atteinte lorsque le pays produit 70 à 75% de ses besoins. Pour y parvenir, l’Arménie devrait porter sa production de blé à 525 000 tonnes par an.
b) La production de pommes de terre (660 500 tonnes) a progressé de 2,1% en 2013.
c) Les récoltes de fruits et légumes ont aussi augmenté significativement :
– 875 900 tonnes pour les légumes, soit une progression de 3,2% en 2013 ;
– 338 100 tonnes pour les fruits, soit + 1,9% en 2013 ;
– 240 800 tonnes pour le raisin, en baisse de 0,3% par rapport
à 2012 ;
– 86 400 tonnes pour les abricots (+ 12 000 tonnes sur un
an), dont 23 300 tonnes exportées (85% vers la Russie et 11%
vers la Géorgie).
Par ailleurs, 224 000 tonnes de fruits et légumes ont été vendues à l’industrie  agroalimentaire (production de jus, marmelades, etc.) et 60 100 tonnes exportées.
Le taux d’autosuffisance alimentaire devrait atteindre 80% d’ici à 2020, alors qu’il est de 60% actuellement. Il est faible pour le blé et la viande de porc, mais relativement élevé pour
les pommes de terre, les fruits, le raisin, les viandes de mouton et de chèvre.

L’élevage : nette progression et zones d’ombre

cheptel

Comme le montre le tableau, l’élevage est en nette progression; c’est le cas en particulier de l’élevage de moutons, mais des inquiétudes se font jour en pisciculture.

a) L’élevage de moutons, depuis 2009, est à l’honneur et ses exportations, surtout vers l’Iran, ont connu une forte augmentation. Celle-ci s’explique par l’interdiction dans l’Islam
de la consommation de viande de porc (on se rabat donc sur d’autres viandes) et le sacrifice du mouton par le musulman pratiquant lors du pèlerinage de la Mecque et la fête de l’Aïd
el-Kebir. Fin 2013, on estimait à 568 500 le nombre de moutons, dont 135 000 ont été exportés ; selon les spécialistes, l’Arménie aurait la possibilité d’en exporter 250 à 280 000.

b) La pisciculture était, il y a quelques mois encore, l’un des secteurs les plus prometteurs de l’économie arménienne, avec plus de 250 fermes piscicoles. Une partie importante de
la production était exportée vers l’immense marché russe, et le service national de la sécurité alimentaire était en train de prendre les dispositions nécessaires pour atteindre le marché européen. Cependant, plusieurs éléments sont venus perturber ce cercle vertueux :

– en 2012, grâce à des financements de la Banque de Développement asiatique, de nombreuses fermes ont pu se moderniser et se mettre aux normes internationales en matière sanitaire. Mais ces investissements ont été à double tranchant, car ils ont grevé leur équilibre financier.

– dernièrement, les autorités ont demandé aux fermes piscicoles d’adopter le système semi-clos de recyclage de l’eau. Ce système peut entraîner des économies d’eau allant jusqu’à 70%, mais le basculement a un coût élevé, variant de 700 000 à 1,5million d’euros.
– la hausse du prix de l’électricité a eu pour conséquence une forte augmentation des coûts de production.
– enfin, l’intégration à l’Union douanière risque d’avoir des incidences néfastes puisque l’Arménie sera obligée d’appliquer sur les importations de matières premières (nourritures piscicoles) les droits de douane de l’Union, qui sont bien plus élevés.

Ces difficultés financières ont commencé à influer négativement sur les perspectives de développement de ce secteur. Plusieurs dizaines de fermes auraient déjà arrêté leurs activités.

L’agroalimentaire en nette progression
Des entreprises très performantes sont présentes dans ce secteur, et des quantités importantes de fruits, de légumes et de viandes sont transformées. Les niveaux de production ont progressé très fortement pour la plupart des produits. Selon une enquête sur les denrées alimentaires réalisée par société Ameria, la production dans ce secteur devrait augmenter de 19% en 2015 par rapport à 2012. Selon cette même source, la
production de boissons alcoolisées et de cigarettes augmentera aussi très fortement (46% et 27% respectivement).

boisons

L’analyse des forces et faiblesses de l’agriculture arménienne
(1) permettra de dégager les stratégies d’un développement durable du secteur agricole, si indispensable pour le pays.

Gérard Achdjian
APRICOT Group
Mise en relations d’affaires avec l’Arménie
www.apricotgroup.eu
Pour des informations détaillées sur l’économie de l’Arménie, veuillez
consulter le site www.gab-ibn.com
(1) Dans la seconde partie, le mois prochain.

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https://youtu.be/lbnmXK8kG70